Galettes à la purée de pruneaux

Mars.
Mary est perdue dans ses pensées.
Installée devant son chevalet,
devant cette nouvelle toile immaculée
l’inspiration l’a quittée.
 

Non pas qu’elle n’est plus d’idées.
Car dans son esprit encombré
les idées
bousculées,
entassées,
sont écrasées.
 

Elles sont lassées d’attendre leur tour.
Qu’enfin elles puissent voir le jour.
Alors, chacune patiemment attend son heure,
se rappelle à l’esprit de Mary à toute heure
mais ne daigne se montrer quand il est l’heure.
L’heure…
L’heure de s’y mettre enfin.
L’heure d’exister, enfin.
 

Il est 16h.
Trois coups se font entendre à la porte.
C’est Hannah-Belle qui, venant de la cuisine apporte
de quoi se donner un peut de réconfort,
et se changer les idées un instant encore.
Une délicieuse galette fourrée à la purée de pruneaux
bien présentée sur le plateau
arrive à elle avec son air appétissant,
sa belle couleur dorée, si ravissante
et sa douce odeur, si enivrante.
Comme souvent, Hannah-Belle arrive à point.
C’est exactement ce dont Mary avait besoin.
 

Elles commencent à discuter un peu.
Et soudain, durant ce moment si chaleureux,
Mary se demande…
Elle se demande ce que sa cuisinière qu’elle affectionne tant
pourraient avoir envie comme décor pour la cuisine où elle passe tant de temps.
 

Alors elle l’interroge, intriguée.
La jeune cuisinière ne sait quoi répondre pour commencer.
Puis rapidement elle se souvient qu’elle avait pensé
qu’elle placerait bien au-dessus du gros buffet,
une belle nature morte, évidemment, au lieu appropriée.
 

C’est une belle idée mais Mary lui demande de préciser.
Qu’est-ce qui pour elle serait le plus apprécié ?
Hannah-Belle ose alors lui en parler.
Elle rêve que des fleurs de magnolia, son arbre préféré,
fleurissent en permanence cette cuisine parfois froide à certain moment de l’année.
Ainsi, elles lui rappelleraient
certes avec nostalgie et regret,
cet arbre qui fleurissait
d’années en années,
devant la maison où elle est née.
 

Mary s’en trouve alors touchée.
Voilà donc l’idée qu’elle cherchait.
 

Elle finit alors d’engloutir rapidement sa délicieuse galette,
dépose sur la joue de sa cuisinière un doux baiser
et retourne avec enthousiasme à son chevalet,
réaliser les premières esquisses de cette requête.