Quand les regrets valsent, les moments passent
Mars.
La nuit vient de tomber sur le manoir.
La pluie qui s’est abattue toute la journée, s’est calmée à l’arrivée du soir.
Les gros nuages gris, chargés, se sont dissipés,
et le clapotis des gouttes sur les vitres a finalement cessé.
À l’intérieur, la pénombre s’est installée,
l’agitation de la fin de journée s’est apaisée,
chacun s’est replié dans ses quartiers.
Hannah-Belle est là, plongée dans l’obscurité,
seule, dans sa petite chambre isolée,
à la seule flamme de la bougie éclairée.
Alors qu’elle écrivait, comme à l’accoutumée,
après ses journées de services bien chargées,
la jeune cuisinière, lassée,
s’est lentement perdue dans ses pensées.
Le regard absent, elle repense à ses années passées.
À son enfance aujourd’hui regrettée.
Quand le chagrin ne l’avait pas emporté.
Quand sa vie n’avait pas basculé.
Quand l’orphelinat ne les avait pas séparées.
Quand elle ignorait la culpabilité.
Quand l’insouciance la gouvernait.
Et que le sentiment de liberté régnait.
Rien à l’époque ne la révoltait,
rien n’encombrait son esprit libéré.
La vie, simplement, défilait,
et son enfance, heureuse, se déroulait.
Alors, la mélancolie l’emporte,
et à une période plus récente la transporte.
Elle s’arrête, encore une fois, sur le souvenir de cet homme,
lui, ce gentilhomme fin gastronome,
cet amoureux des plantes parfois astronome,
qui bien trop tôt a quitté le monde des hommes,
pour rejoindre celui des êtres pleurés au funérarium.
Le temps passe.
Bientôt six mois que la demeure se glace,
que la tristesse a pris place,
que la vie, de plus en plus, s’efface,
que l’ombre la remplace,
Et que le cœur de Lady Sweet, d’idées noires, s’embarrasse.
Ainsi, Mr Sour, propriétaire du manoir,
a semé derrière lui bien trop de désespoir.
La maladie l’a prématurément emporté,
emportant l’âme de sa propriété à ses côtés.
C’était donc mieux avant,
quand elle leur préparait des tartes tatin de betteraves salées,
de bon gâteaux pour le goûter,
et de délicieux pique-niques pendant l’été.
En y repensant, la colère l’envahit,
car elle sait aujourd’hui que ces moments sont bien finis,
que cette vie avec lui n’existe plus,
et que les beaux jours, encore une fois, ont disparu.
Alors oui, c’était mieux avant,
quand l’apprentissage de la lecture et de l’écriture rythmait leurs journées,
quand il était là pour l’éduquer,
elle, pauvre âme désespérée,
qui après l’orphelinat et la disparition de sa sœur tant aimée,
fut recueillie par ce couple si choyé.
C’était mieux de côtoyer ce havre de paix,
aux côtés de ces êtres adorés,
sans lesquels elle ne pourrait chaque soir de l’année,
s’adonner à l’écriture de ses pensées.
Alors, elle se rend compte que même dans cette atmosphère pesante,
et malgré la tristesse environnante,
survivent toujours les douces choses du quotidien,
celles que l’on ne voit plus mais qui adviennent toujours, l’air de rien.
Sans l’écriture qu’il lui a enseigné, elle ne se sentirait exister,
et ne pourrait se libérer de tous ces malheurs qui l’ont brisé.
A cette pensée, un nouvel élan l’enveloppe.
A l’intérieur, les idées se bousculent et s’entrechoquent.
L’inspiration s’est invitée.
Elle veut écrire pour eux, pour elle, pour lui et pour le manoir tout entier,
une nouvelle de sa vie à leurs côtés.
Elle comprend alors que certaines choses étaient, certes, mieux avant,
mais que les bonnes choses du moment présent méritent aussi son attachement.
Le passé n’existe plus, à quoi bon s’y engouffrer,
tandis que le présent, éternel,
aux côtés de nos vies de mortels,
défile sans que nous puissions le contrôler.
Il nous appartient de ne passer à côté,
sous peine de finalement le regretter.
Alors, de la pointe de sa plume,
Hannah-Belle, sous un rayon de lune,
rédige d’une traite et sans peine aucune,
une nouvelle, qui, sans ces événements d’avant,
ne pourrait connaître prochainement son avènement,
et balayer la peine du manoir et de ses résidents.
Tarte tatin salée de betteraves
ingrédientsLa pâte200 g de farine de blé T65
50 ml d’huile d’olive
1 cac de sel complet
100 ml d’eau froide
La garniture3 grosses betteraves (ou 6 plus petites)
2 cas de savora
2 cas de moutarde ancienne
20 cl de crème de coco épaisse
1 cas de jus de citron
1 cas de sirop d’agave
2 cm de gingembre
1 cas rase d’huile de coco solide
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méthodeLa pâteDans un saladier, mélanger la farine et le sel.
Ajouter l’huile et sabler avec les mains.
Ajouter l’eau, commencer à mélanger avec un cuillère puis continuer à pétrir avec les mains jusqu’à obtention d’une pâte lisse et homogène.
Faire une boule, l’envelopper de film alimentaire et la placer au frais.
La garnitureÉplucher les betteraves et les couper en rondelles à l’aide d’une mandoline.
Éplucher le gingembre et le presser à l’aide d’une fourchette ou d’un presse-ail.
Préparer la sauce en mélangeant dans un bol tous les ingrédients restant.
MontagePréchauffer le four à 150°C.
Faire fondre l’huile de coco et la répartir dans le fond d’une tartière.
Disposer les rondelles de betteraves les unes à côté des autres en procédant par couche.
Verser la sauce par dessus, la répartir sur toute la surface à l’aide d’une cuillère puis donner des petits acouts dans la tartière afin de faire descendre et de répartir la sauce dans le fond du plat.
Étaler la pâte à tarte sur du papier sulfurisé puis la placer par dessus la garniture.
Rabattre les bords.
Enfourner environ 1h à 150°C en ne faisant chauffer que le bas du four.
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Note
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la chouette bavarde says
30 mars 2018 at 09:08même si les betteraves…je déteste ! même l’odeur m’imdispose ! mais tes photos sont trop belles ! et le texte apaise ! chouette idée.
La_FEP says
29 mai 2018 at 20:56Merci infiniment ma chouette bavarde ! =D
Céline says
25 avril 2018 at 13:22Tes mots m’ont donné la chair de poule <3 Merci Mélanie pour tes si belles photos, et pour cette jolie recette, qui, je dois bien l'avouer, est très tentante ! (La betterave et moi, ça fait pourtant 48…). A très vite, bonne journée !
La_FEP says
29 mai 2018 at 20:50Merci à toi, Céline, pour ces mots et ces beaux compliments. Ils me vont droit au cœur et me motivent à continuer sur cette voie. A très vite j’espère ! =)
Véronika says
14 août 2018 at 14:06Tout comme Céline et la Couette bavarde, la betterave m’indispose au plus haut point. Pourtant j’apprécie tes photos. Elles sont top, elles m’ont presque, j’ai bien dit presque… donné envie d’y goûter…
La Faim Est Proche says
20 août 2018 at 17:33Cela me va droit au coeur. Merci pour ces mots qui me touchent Véronika ! =)
Bérengère says
9 février 2019 at 12:59Bonjour Mélanie,
Merci pour le partage de cette recette qui a l’air divine !! Et que j’aimerais tout prochainement tester 😀
Je voulais juste être bien sûre que les betteraves sont des betteraves crues et non cuites (il n’y a pas de précision dans les ingrédients et j’ai aussi l’impression que sur tes photos elles sont crues…mais c’est juste pour être sûre…!).
J’attends ta réponse avec impatience pour pouvoir me lancer et je ne manquerai pas de te faire part de nos impressions 😀
Merci à toi,
Bérengère
La Faim Est Proche says
12 février 2019 at 09:16Bonjour Bérengère !
Et merci pour ces mots qui égayent ma journée.
Pour les betteraves, en effet, elles sont crues et cuisent « à l’étouffée » sous la pâte à tarte. 😉
Je serais ravie d’avoir un retour de cette expérience culinaire.
Un grand merci à toi. =D